Préparatifs de Noël
Noël: "Prépar-hatifs"...ou "prépar-actifs" !
Nous disons facilement des résidant(e)s qu’ils ne se repèrent que très difficilement dans le temps…
Ne sachant pas lire, ils doivent, encore plus, que ceux qui déchiffrent l’écrit, s’accrocher aux multiples indices que leur fournit l’environnement : celui proche de l’institution ou de leur familles, celui plus large accessible lors des sorties, des courses et activités extérieures, sans oublier la télévision…
Et si je regarde de plus prés la période d’avant Noël…je peux s’interroger sérieusement sur cette fameuse capacité que les gens dits « adaptés », « normosés » ont à se repérer dans le temps, à s’inscrire dans son déroulement.
A peine avons-nous eu le temps de penser aux personnes connues et aujourd’hui mortes, que la grande mise en scène de Noël se met en place dans les magasins et lieux variés de la consommation…
Crèches, guirlandes traditionnelles ou lumineuses, gros paquets en devanture, impossible d’y échapper quand on va acheter six œufs et trois stylos.
Comme il y a à partir de la mi-novembre beaucoup de monde dans les magasins, et que tout est en place bien plus tôt…grande est la tentation de faire ses achats à l’avance.. pour « gagner du temps ».
Ce qui peut donner en Foyer Occupationnel, « dépenser l’argent des résidants sans eux »…pour ne pas les « énerver à l’avance » et de « toutes façons après il y a trop de monde et ils ne seront pas à l’aise »…
Donc, ce qu’il reste de leur argent personnel annuel…sera dépensé pour leur faire plaisir,car évidemment, nous savons ce qui leur fera plaisir.
Pourtant dans cette situation de Noël, de dépenses de fin d’année il a tellement de choses possibles : faire un choix en fonction de ses possibilités financières, préparer l’achat attendre l’accompagnement qui permettra la concrétisation, réaliser que ce que l’autre résidant du groupe a acheté vous fait très envie et accepter de garder l’idée pour plus tard, séparer ce moment de la fête de Noël à venir…Bref vivre ce que tout un chacun, ayant accès a minima à la consommation, vit en France en ces mois de Novembre, Décembre. Bien sûr, pour beaucoup cela ne peut se vivre sereinement sans un minimum (et parfois maximum) de soutien, d'attention éducative,d’étayages…C’est dans la construction de ces soutiens là (personnalisés) que réside le travail d’une équipe…et pas dans le « faire plaisir » (ou comment se débarrasser « des bonnes mères » pour migrer vers « les mères suffisamment bonnes ! »), le « faire pour ».
Et puis pour en revenir à la capacité à se repérer dans le temps, la vie en internat complique les choses : pour tous il y a deux fêtes de Noël : celle de l’institution et celle qui se passe vraiment le jour de Noël, en famille où à l’institution. Là, un bon vieux calendrier de l’Avent s’avèrerait fort utile…et permettrait de voir le temps se dérouler du premier au vingt cinq décembre. Encore faut il en trouver un en lien avec les représentations traditionnelles de Noël, car pour beaucoup d’entre eux il faut être fort pour voir le lien entre l’imagerie proposée et Noël !
Il s’agit de saisir/travailler/accompagner ce moment possible, où à travers l’échange de cadeaux faits par les uns et les autres à ceux à qui ils « tiennent » et « veulent le montrer », les résidants se situent comme sujets, « adultes », dans leurs relations familiales et humaines.
Des moments à réfléchir, vivre et partager
tout en restant "éducs"...